1- Racontez moi votre parcours : des études de conjoncture économique (Dauphine) parfaites par un troisième cycle de gestion quelques années plus tard en cours du soir (IAE de Paris) m'ont permis d'accéder d'une part à la lecture de la complexité et d'autre part à rester dans le concret opérationnel. Une quinzaine d'années en entreprise m'a convaincu que le lien entre cette complexité que je lisais et les décisions terrain est (cor)rompu. La construction d'une famille m'a ouvert sur une réponse : le lien entre la complexité du monde et les décisions terrain est (cor)rompu pour des raisons émotionnelles. Je suis donc parti en quête d'une réponse. J'avais des jeunes ados à amener à l'âge adulte et je leur devais cela. Je me suis donc plongé dans la chose psy, en particulier sur les travaux de l'école de Palo Alto et plus spécifiquement sur ceux Giorgio Nardone au Centro di Terapia Strategica d'Arezzo en Italie.

2- Parlez nous de votre métier : mon métier consiste à lire la complexité, à décider dans l'incertain, et à agir dans l'adversité. Cela à toujours été. Cela n'a rien d'exceptionnel. Chacun peut se retrouver dans ce triptyque. Aujourd'hui, je l'opérationnalise dans l'accompagnement à l'adaptation. Le métier que j'exerce s'articule autour de l'accueil inconditionnel de ce qui advient, c'est à dire de l'autre dans sa position au moment où il entre en relation avec moi. Sous cette forme d'accueil de son prochain érigé en compétence particulière, je considère que je ne devrais pas avoir à pratiquer ce métier, car, de mon point de vue, savoir accueillir ce qui est, relève de l'éducation du citoyen éclairé que nous sommes tous censé devenir.

3- Pourriez-vous nous raconter une séance de coaching par exemple ? Une séance de coaching, comme une séance de psychothérapie, consiste à écouter avec tout son corps et questionner, questionner, et encore questionner la situation et en particulier les évidences. Pour en livrer un peu plus, il s'agit de questionner ce qui se passe pour son client, les interactions dans lesquelles il veut y voir plus clair sans jamais chercher à qualifier ou catégoriser les protagonistes.

4- Parlez nous de l'importance du lâcher prise dans la vie : pas de progrès sans lâcher prise. Le lâcher prise permet de dépasser le stade des croyances, de la haine et de l'avidité pour rentrer dans celui de l'observation au service du vivant et donc de son prochain. C'est une attitude de détachement actif au service de la fluidité, donc de la vie.

5- Que permet le lâcher prise au quotidien ? Le lâcher-prise permet au quotidien de veiller à ce que l'autre se sente acteur de sa vie et donc de devenir soi-même acteur de sa propre vie. Si je permets à l'autre de grandir en dignité, alors, je grandis moi-même en dignité.

6- Quels conseils donneriez-vous à tout ceux qui n'arrivent pas à lâcher prise ? À ceux qui n'arrivent pas à lâcher prise, je les inviterais à plonger dans le développement personnel, ce qui, à une autre époque, aurait été qualifié de dépassement de soi. Le dépassement de soi ne consiste pas à forcer au-delà de ses limites. Il consiste à trouver le passage qui permet à la vie de s'écouler au-delà de ce qui semble nous bloquer, comme l'eau trouve une voie parmi les obstacles que la nature lui offre. Deux axes pour cela : la curiosité, elle permet de sortir de ses limites, et l'humour, il permet de rebondir de ses expériences. Et trois ressources : mettre du soleil dans sa tête (cela permet de regarder ce qui est), utiliser la conjonction de coordination "et" (tout coexiste et se compose dans notre univers), et enfin sourire (ça aide à augmenter le volume lumineux intérieur et à rencontrer ce que la vie nous amène).

7- Vous être l'auteur des livres 50 exercices pour lâcher prise et Manuel de lâcher prise . Auriez-vous deux ou trois exercices pratiques à nous expliquer pour apprendre à véritablement lâcher prise ? Un ouvrage est en cours à ce sujet. Laissez-moi le plaisir de vous en dire plus à sa sortie1.

8- Avez-vous une citation qui dirige votre vie ? "Ne renonce jamais, lâche prise et la voie s'éclaire"

1 paru le 30 décembre 2014 : Lâcher Prise